Message de Rémy Daillet-Wiedemann

Depuis que je l’ai reçu, je tiens à faire part aux adhérents MoDem d’un message envoyé par Rémy Daillet-Wiedemann, et ce, bien que je considère à n’avoir pas à prendre position dans une « affaire » qui s’est passée lors du Conseil national du 26 juin, (malheureusement, je ne dispose plus de compte-rendu), François Bayrou s’en était pris à Rémy, car il avait avec lui un appareil enregistreur, quand les débats étaient censés être à huis-clos. S’en était suivi l’expulsion du contrevenant et, bien sur, l’inévitable relation des faits dans la presse présente dehors pour entendre la conférence de presse qui devait s’en suivre.

De mon point de vue, ni l’un, ni l’autre ne sont exempts de reproche : RWD, (c’est moins long à écrire), n’a-t-il pas cherché à provoquer FB, FB, lui-même, n’a-t-il pas voulu écarter RWD, qu’il trouve un peu « encombrant », et sauté sur une trop belle occasion de le faire? Mais ce n’est pas le propos ici.

Même si, à titre personnel, je pense que porter l’affaire devant la justice, ne pouvait que nuire au Mouvement Démocrate,  je crois aussi qu’il est normal qu’un adhérent qu’on cherche à exclure puisse se défendre. Plus important encore, la démocratie, que promeut le Mouvement et que ses dirigeants ont tendance à oublier en interne,  exige que paraisse ce message, même s’il « met le doigt où ça fait mal ».

Le message :

Chers amis,

Du 3 au 8 décembre aura lieu le vote pour l’élection du président du mouvement, ou ce qui en tiendra lieu.

Comme vous le savez, j’ai posé le premier ma candidature, aujourd’hui aboutie.

Le procès que j’ai remporté face à François Bayrou m’a rétabli dans mon statut et lavé l’injure qui m’a été faite au Conseil national par François Bayrou lui-même, conseil dont le tribunal a aussi annulé ses décisions.

Ce procès a finalement dit à haute voix ce que la plupart d’entre vous pensent toujours aujourd’hui : le Modem n’est qu’un accessoire personnel. Avec moins d’adhérents que Kokopelli ou l’Association des Photographes Amateurs, le Modem a aussi une action moins efficace et moins utile.

L’année qui s’achève a vu nous quitter la tête haute Jean-François Kahn, Corinne Lepage et bien d’autres, avec pratiquement tous nos élus.

Les sites qui évoquent les départs sont nombreux, il suffit de faire une simple recherche sur internet (tapez « ils quittent le modem » ; pour vous en rendre compte).

La déroute est donc complète. Le Modem est dans le même état que la France : perte de confiance, perte de crédibilité, politique floue, dirigiste, personnaliste, oubli des questions de fonds… énorme potentiel humain sous-employé et dilution du pacte social.

François Bayrou a donc le projet de dissoudre le mouvement ou de le laisser mourir de sa belle mort. Ce que nous ne pourrons admettre.

Pour ceux qui se récrieront en faveur du Modem actuel, faisons une hypothèse : si François Bayrou était élu président en 2012, avec qui composerait-il son gouvernement? J’ai posé la question en début d’année. La réponse était admirable : avec le Nouveau-Centre, l’Alliance centriste ou Europe-Ecologie. Donc, à supposer que ces partis là acceptent (et tout cela fait beaucoup de « si » ), on ne recourra pas aux forces vives du Modem, tout simplement parce que celui-ci ne s’est pas donné; les moyens de faire monter de nouveaux talents. Regardez les photos d’il y a un an, d’il y a deux ans : que de pertes!

Faire un gouvernement avec des professionnels de la politique? Le politique, par ses interventions répétées, n’a fait depuis vingt ans qu’aggraver la situation de notre pays. C’est la société civile qui pousse en avant des solutions. Certes, la majorité des élus sont honnêtes et certains sont compétents ; mais l’atavisme, les puissances souterraines, les conservatismes, le marketing politique font que rien ne change.

En outre, depuis deux ans, les dirigeants du Modem ont montré de quelle manière ils entendaient gouverner. Nous, co-fondateurs du Modem, nous avons tous été chassés, d’une manière ou d’une autre. Jamais nos statuts n’ont été respectés. Jamais nos instances n’ont été autres que fantoches.

Tout a toujours été le fait d’un seul homme, captant tous les pouvoirs en ses mains et refusant quelque participation sérieuse que ce fût. Bref, je le répète, le Modem reflète la situation nationale de manière éblouissante… et triste bien sûr. La gouvernance du Modem a révélé ce que pourrait être une gouvernance de la nation, et tous ceux qui nous ont rejoint pour un projet ont fini par trouver inacceptables des pratiques. Du débat de fond, on est passé instantanément aux discussions de surface et aux chicaneries.

Le projet est essentiel. Les moyens qu’on se donne sont essentiels. La participation de tous est essentielle : elle est la substance du projet. C’est ce que François Bayrou n’a ni compris ni voulu. Nous-mpemes, en aval, ne pouvions plus solliciter nos adhérents en tant que présidents départementaux, parce que toutes nos initiatives étaient savamment détruites par le haut. J’aurai l’occasion de raconter tout cela le temps venu.

Lorsque je demandai à François Bayrou de promouvoir nos propositions, en particulier celles des Commissions d’adhérents, il me répondait : «Faire des propositions fait perdre des voix. Nous ferons des propositions, plus tard. » «Que veux-tu dire par plus tard?», demandai-je, interloqué. «Quand la campagne présidentielle aura commencé». La campagne présidentielle! éternelle obsession. C’était avant les régionales…

Je l’ai dit, à mon sens l’aventure de François Bayrou se résume en deux titres : Projet d’Espoir et Abus de Pouvoir. Tout est dit là.

La France et le Mouvement Démocrate restent à recomposer, ils doivent relever la tête, ils doivent retrouver le chemin de leurs vocations, qui se confondent. C’est d’abord et avant tout de placer l’Homme (c’est-à-dire la collectivité et non pas un individu seul) en vis-à-vis de toutes les recherches, de toutes les politiques, de tous les échanges.

Je ne regrette rien pourtant car s’il est une chose sûre, c’est que nous avons énormément appris. Je fais partie d’une génération qui n’a que peu d’intérêt pour le monde politique, qui connaît la difficulté et se méfie des idéologies. Qui aspire à un environnement et une existence harmonieux. Qui a appris à se battre sur tous les fronts de la vie, avec beaucoup plus d’expérience que ces éternels candidats à leur propre réussite. Ceux qui n’ont été qu’en politique ne savent rien de vos difficultés. Comment peut-on encore espérer que le politique puisse apporter une amélioration des choses? Je pense qu’il doit cesser d’agir sur sa propre initiative et doit demeurer dans l’acte final législatif et exécutif  de décisions préparées par les populations. Il faut changer le modèle pyramidal pour une participation. Il faut donc, en un mot synthétique qui mérite développement, changer de régime politique.

Je me présenterai donc, au moins pour le pluralisme. Sachant parfaitement que les instances supérieures du Modem tairont cette candidature, la rejetteront d’emblée. C’est cette candidature qui a provoqué la tentative d’éviction à laquelle j’ai échappé devant un tribunal de la République.

Les grands enjeux doivent coller aux grandes masses irréductibles que sont l’environnement, les questions de populations (démographie et migrations), la démonopolisation et la répartition des ressources et des richesses (éthique du developpement), les politiques internationales, les politiques de l’enseignement et de la culture.

Le meilleur moyen d’aboutit à de bons résultats est l’étude serrée des modèles qui réussissent dans le monde et leur transposition.

On peut dire, sans entrer dans un développement exhaustif, que le Modem est resté  trop franco-français, avec une très faible diversité et un positionnement international quasi-nuls : ses ambitions sont trop étriquées, il ne vise que la présidentielle de 2012. C’est un mauvais objectif d’abord parce que l’échec est très probable, mais surtout parce que là n’est plus la question : la présidence de la République française est une institution dépassée, de représentation et d’apparat.

C’est toute notre manière de voir qu’il faut renouveler. Il n’y a de crise que parce que les structures fabriquent de la crise en permanence, en réalité le monde dispose de tous les moyens pour un développement soutenable, et l’évidence de solutions innovantes qui s’imposent dans de nombreux débats ne passe pas au stade de décisions. Il y a, en un mot, des oligarchies qui verrouillent le système, sans forcément une intention omnipotente de nuire, mais par simple captation des pouvoirs et des moyens. Il n’y a pas essentiellement un groupe malfaisant de spéculateurs ou de possédants qui animent une dilution générale de la planète, il y a partout, de haut en bas, un être humain capable d’égoïsme partout où il pourrait la générosité. C’est culturel avant tout diront avec justesse les intellectuels, les acteurs de l’éducation, mais la culture passe par des pratiques différentes de toute la société humaine.

C’est de cela dont je voulais vous faire part.

Mais comme il est évident que ma candidature, comme d’autres, sera rejetée avec la plus mauvaise foi, je vous présente dès maintenant mon amical salut, pour vous retrouver inéluctablement dans quelques mois, lorsque la nécessité s’en fera sentir.

Rémy DAILLET-WIEDEMANN »

Je vous laisse seuls juges, tout en faisant remarquer, en admettant que Rémy ait tort sur la dissolution ou la mort du MoDem, que le Congrès nous engagera pour trois ans.

Amitiés

Michel

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Une réponse à Message de Rémy Daillet-Wiedemann

  1. Mamouchka dit :

    Le Congrès aura effectivement à se prononcer sur l’avenir de la « structure juridique désactivée UDF ». Une telle situation n’est pas tenable dans le temps. Les considérations officielles de l’époque étaient le référencement des élus sous le sigle UDF pour recevoir les deniers de l’Etat, re-versables au profit du MoDem. Tant que le dossier ne sera pas purgé, la structure pourra être réactivée.

    Rester ou partir, pour faire quoi, demeure la seule question que chacun doit se poser afin de savoir quelle suite donner à son engagement.

    Mamouchka.

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