MoDem à la dérive?

Combien de fois avez-vous entendu cette phrase : « Le Mouvement Démocrate est illisible », pour expliquer ses défaites électorales ? Beaucoup de fois, comme moi, sans doute ! Le titre employé pour ce coup de gueule est emprunté au Dauphiné Libéré, libéré de tout, sauf de la tutelle d’un patron de presse dont les sympathies pour la droite sont connues. C’est volontaire, bien sur, car quand on parle du MoDem dans ce journal, et la chose est rare, on nous le ressort à chaque fois, ou presque. Mais, pour l’instant, au vu de ce qui se passe dans ce Mouvement Démocrate, jamais tranquille, ou si peu, il trouve tout son sens, et annonce, peut-être, une disparition prématurée de ce parti.

Les inconditionnels, autrement appelés « bisounours » par nos adversaires de tous bords, diront pourquoi le Mouvement Démocrate serait-il à la dérive ? Trois faits majeurs sont à relever pour prouver une dérive vers l’explosion, (implosion?), du MoDem :
la déclaration de vote de François Bayrou, certes personnelle, en faveur de François Hollande, précédée par celles de la plupart des cadres du Mouvement, a désorienté profondément les électeurs, mais aussi les militants et adhérents du parti ;
la candidature de Gilles Artigues, soutenue par l’UMP, mais dans le cadre d’un accord départemental, bloquant ainsi toutes les candidatures MoDem dans la Loire ;
les propos de Christophe Madrolle et Jean-Luc Bennahmias qui estiment faire partie de la majorité présidentielle, tout en laissant François Bayrou « avancer dans le bourbier béarnais ».

Inutile de revenir sur la déclaration de vote en faveur de Hollande, chacun d’entre-nous ayant voté en son âme et conscience, puisque nous n’avions pas à défendre notre candidat. L’essentiel était bel et bien de se retrouver pour les législatives, pour défendre le centrisme indépendant de ce clivage droite-gauche que dénonce le Mouvement Démocrate, pour faire en sorte qu’émerge une force d’opposition vigilante et constructive, opposée à la conception umpéiste d’opposition destructrice.

La situation du Mouvement Démocrate de la Loire est difficile de par le choix que son président départemental a fait d’être le candidat d’une majorité très élargie vers la droite y compris à l’UMP, et incluant le Nouveau Centre. Il y a probablement eu un accord électoral au niveau départemental, puisque le MoDem national s’est empressé de ne pas investir les autres candidats de ce département. Une candidature dictée par l’intérêt personnel et surtout approuvée par François Bayrou et le Comité Exécutif, une contradiction de plus dans un Mouvement Démocrate qui n’en avait pas besoin. Nul doute que cette attitude, fût-elle dictée par le sentiment d’amitié qui unit les 2 hommes, sera préjudiciable, non seulement au niveau départemental, mais aussi national, à notre Mouvement.
Pour vous donner un ordre d’idée de ce qui se passe dans la Loire, il faut lire le blog de David Vachez. Surtout, il faut voir l’affiche de campagne de Gilles Artigues, au nombre de logos impressionnants, et sur laquelle, dans sa première version, il n’y avait pas, si mes souvenirs sont bons, le logo du Centre Pour la France. (1)

A l’opposé, « le MoDem marseillais prêt à entrer au gouvernement ! », nous signale 20 minutes .fr, (lire l’article), entendez par « marseillais » Christophe Madrolle et Jean-Luc Bennahmias. Mieux encore, ils se considèrent comme faisant partie de la majorité présidentielle. Ces propos ont été tenus le lundi 21 lors de la présentation des candidats du Mouvement Démocrate aux législatives, autrement dit, c’est le MoDem tout entier qui doit être dans la majorité présidentielle. L’argument de Bennahmias : « Si on nous demande d’y participer nous sommes disponibles. Il faut exister politiquement. On ne peut pas rester au milieu du gué et avoir inventé le centre d’opposition ». Non contents de cette prise de position, ils renvoient François Bayrou à « son bourbier béarnais ». À noter la position des élus, candidats aux législatives et adhérents : «  Les Adhérents, élus et candidats Marseillais aux législatives déplorent les dérapages de Christophe Madrolle et Jean-Luc Bennahmias depuis mardi dans la presse et ne tiennent pas à être associés à leurs déclarations méprisantes à l’égard de François Bayrou. »
(Libération-Le Monde-20 minutes) .

Toutes ces « péripéties » ne donnent plus aux électeurs, mais aussi aux militants et adhérents l’impression que le Mouvement Démocrate puisse « recoller les morceaux » et survivre au-delà du 17 juin. L’espoir réside dans la création du label Centre Pour La France lors des législatives. Ce label rassemble tous les centristes qui se veulent indépendants et pas uniquement les candidats du Mouvement Démocrate. Sur les 400 investis, 25% ne sont pas adhérents au MoDem, et le CPLF soutient la candidature de Rama Yade pour ne citer que la plus connue. Malheureusement, il est à craindre que le CPLF ne se substitue au Mouvement démocrate. Quand on voit les divisions qui règnent au sein du Mouvement Démocrate, on peut craindre le pire pour le CPLF aussi, et voir le centre disparaître du paysage politique français.
Amitiés
Michel

(1) Voici l’affiche de campagne pour les législatives de Gilles Artigues :

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